Stimuler l’imagination
décembre 4, 2013L’Association des rivières de Sackville (ARS) a passé les 25 dernières années à réparer les dommages causés par l’activité humaine de plusieurs siècles dans le bassin versant des rivières de Sackville.
« Bon nombre de personnes pensent que nous perdons notre temps à restaurer et à essayer de protéger une rivière urbaine et un bassin versant », de dire le président de l’ARS, Walter N. Regan, qui lui-même n’est pas de cet avis. Le bassin versant fait partie de la municipalité régionale qui compte la plus forte population au Canada atlantique, qui se chiffre à près de 400 000 habitants et qui continue de croître.
La rivière de Sackville s’étend de Mount Uniake à son point le plus au nord en Nouvelle-Écosse, et descend sur 40 kilomètres vers le sud à travers une série de lacs et d’étangs pour se déverser dans le bassin de Bedford et dans le havre d’Halifax. La rivière fait partie de plusieurs communautés-dortoirs populaires.
« Alors, lorsque nous faisons des travaux de restauration ou de nettoyage, nous sommes souvent presque dans la cour arrière des gens. Nous sommes très visibles et nous attirons l’attention, de souligner M. Regan. Les gens viennent satisfaire leur curiosité et nous demander ce que nous faisons. C’est un point de contact, une occasion que nous pouvons saisir pour parler de la rivière et du bassin versant. Nous sommes l’étincelle qui stimule l’imagination des gens. Ceux-ci sont souvent surpris d’apprendre que la rivière qui a toujours eu la réputation d’être un cours d’eau sale est maintenant propre et soutient plus de 13 espèces de poisson, y compris le magnifique saumon atlantique sauvage. »
M. Regan affirme que ces rencontres d’apprentissage occasionnelles se transforment fréquemment en un nouveau respect et une nouvelle prise de conscience, une nouvelle valorisation de la rivière et du bassin versant. Il estime que cette reconnaissance, tributaire de la connaissance, est cruciale à la coexistence des communautés et des rivières à l’avenir.
L’ARS a été créée en juin 1988, lorsqu’un petit groupe de résidants se sont présentés un après-midi pour nettoyer la rivière locale. Lorsqu’ils ont décidé de créer un organisme pour la restauration et la protection de la rivière, ils ont dû établir une norme pour leurs travaux, un objectif énorme, mais primordial. Ils ont choisi de se faire les champions du saumon atlantique sauvage, car la présence de cette espèce est un indice, semble-t-il, des meilleures eaux et des meilleurs habitats. C’est un indicateur biologique de la qualité de l’eau, tout comme la présence du serin des Canaries qui servait autrefois à surveiller la qualité de l’air dans les mines de charbon », explique M. Regan.
« Nous croyons que les rivières Southern Uplands (rivières qui se déversent dans l’océan Atlantique sur le littoral atlantique dans le sud de la Nouvelle-Écosse) ont soutenu plus de 3 000 saumons à un moment donné dans l’histoire. L’an dernier, nous en avons enregistré 15 seulement, a souligné M. Regan. La pêche au saumon atlantique dans cette région est fermée depuis 1998. Nous (l’ARS) ne pouvons rien faire au sujet de la pluie acide ou du trou noir dans l’océan, mais nous pouvons agir pour protéger l’habitat », a-t-il ajouté.
Au lieu de chercher à éloigner les gens dès qu’une rivière ou un ruisseau a été restauré, l’ASA encourage une utilisation récréative respectueuse du bassin versant. Le groupe travaille sur un ambitieux projet d’accès public, le Corridor de la conservation, une série de sentiers le long de la rivière Sackville de 40 km.
Le Corridor comprendra aussi un réseau de sentiers secondaires, reliant les tributaires de la rivière principale, et un de ces tributaires est le ruisseau Peverills. Le ruisseau est considéré comme une zone de restauration hautement prioritaire, car il est un des plus grands tributaires de la rivière Sackville et présente une bonne chimie de l’eau qui peut assurer un habitat important au saumon atlantique et à d’autres espèces de poisson. Ce cours d’eau a subi l’impact de nombreuses d’extraction du gravier et de deux barrages et d’une scierie. On pense que le ruisseau a même été redressé par le passé pour être adapté à l’activité forestière.
En 2012, grâce à une subvention de la Fondation pour la conservation du saumon atlantique (FCSA), l’ARS a entrepris de restaurer le ruisseau Peverills. À la fin de l’été, elle avait installé 12 nouveaux ouvrages et amélioré deux structures naturelles existantes afin d’améliorer l’habitat du poisson et la qualité de l’eau. Elle a aussi fait des travaux d’entretien sur cinq autres ouvrages de billes installés dans le cadre d’un projet précédent.
« Notre organisme est petit, explique M. Regan. Les travaux que nous faisons sont possibles grâce aux efforts et à la gentillesse de la FCSA et bien d’autres intervenants. »
M. Regan se rappelle qu’à un moment donné après l’installation d’un ouvrage de billes, certains étudiants universitaires qui avaient travaillé sur le projet sont revenus au site et étaient dans le ruisseau. « Ils ont sauté de joie lorsqu’ils ont touché un objet avec leurs pieds. Un banc de gaspareaux descendait la rivière, et les étudiants ne pouvaient pas croire qu’il y avait autant de poissons si près de leurs pieds. C’est à ce moment-là qu’ils se sont rendu compte que les ouvrages de billes remplissent leur fonction. Ce fut un moment d’apprentissage excitant. »
Profitant d’un quart de siècle de travaux efficaces, les plus de 200 bénévoles de l’Association des rivières de Sackville continueront de restaurer et de protéger le précieux bassin versant et apprécieront les moments où ils peuvent stimuler l’imagination et l’engagement des autres.