La rivière Escoumins
janvier 4, 2014Parfois, un obstacle peut devenir une occasion inouïe. Ce n’est pas le cas habituellement lorsqu’un barrage bloque l’accès à ce qui était autrefois des lieux fertiles pour le saumon, sauf si le barrage en question doit être démoli.
C’est cette occasion qui s’est présentée à la Corporation de gestion de la rivière à saumons des Escoumins (CGRSE), lorsqu’elle a su que le barrage à l’embouchure des Escoumins serait démoli.
Le groupe avait consacré 50 ans à la restauration des stocks de saumon dans la rivière Escoumins sur la Côte-Nord de Québec. Alors, même si l’on ne connaissait pas le moment où le barrage serait enlevé, le fait qu’il pourrait être démoli a encouragé les membres de la CGRSE à voir grand!
La rivière Escoumins avait été longtemps utilisée par les compagnies forestières pour transporter leur bois à l’usine locale. Cette activité, et le barrage, avaient essentiellement détruit la remontée autrefois robuste du saumon dans la rivière Escoumins.
« Le saumon était absent de la rivière depuis plus de 100 ans, de dire Yves Demers, directeur de la CGRSE, qui ajoute que l’organisme avait travaillé pour changer cette situation pendant les cinquante dernières années, construisant une passe à poissons en bois pour contourner le barrage et apportant d’autres améliorations à l’habitat en amont.
« Bien que ces efforts aient connu un succès modeste, une fois le barrage disparu, la rivière pouvait enfin retrouver son état naturel, explique M. Demers. Le moment était venu de proposer une vaste stratégie qui donnerait aux stocks de saumon dans les Escoumins toutes les chances possibles de revenir à leur niveau original. »
La mise en œuvre de la stratégie devait se faire sur une période de cinq ans. La Corporation a reçu près de 7 000 $ de la FCSA pour les activités de la première année, soit pour la saison 2012. En collaboration avec une équipe de partenaires d’organismes du gouvernement comme l’Organisme des bassins versants de la Haute Côte-Nord et le ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec, d’organismes non gouvernementaux comme la Zec Nordique (Association de chasse et pêche nordique), la CGRSE a identifié, mesuré et évalué chaque tributaire des Escoumins pour son adaptabilité comme habitat du saumon. Quatre ont été choisis pour une étude plus poussée, alors que trois autres ont été rejetés en raison de divers facteurs comme leur courte distance, leur peu de profondeur, et le risque de braconnage ou d’utilisation par les vacanciers.
Le groupe a aussi effectué une recherche approfondie de la littérature, utilisant l’information recueillie pour formuler des recommandations sur la façon dont chaque tributaire pourrait être préparé pour accueillir des tacons et éventuellement accueillir le saumon de nouveau dans ses eaux.
Pendant ses études, le groupe a aussi pris des mesures pour sensibiliser davantage le public en affichant des avis annonçant ses activités et en rencontrant les groupes et particuliers pertinents afin d’expliquer son projet et de discuter des mesures que pourraient prendre les usagers de la zone pour assurer le succès du projet.
« Nous avons été grandement encouragés par les progrès réalisés durant la première année, et nous avons hâte d’entreprendre la deuxième année le printemps prochain. », a expliqué Yves Demers. Les projets pour 2013 comprennent le nettoyage des tributaires viables afin d’encourager la migration du saumon, des travaux pour rendre les secteurs près des ponts et ponceaux plus conviviaux pour le saumon, et la liaison avec le gouvernement et d’autres intervenants afin d’améliorer la réglementation de l’utilisation du secteur de façon à tenir compte des préoccupations environnementales liées à la survie du saumon.
« Nous faisions la restauration de l’habitat nécessaire à l’accueil du saumon qui remonterait la rivière une fois le barrage démoli, quel que soit le moment », de souligner M. Demers.
Puis il s’est produit une catastrophe et une autre occasion s’est présentée!
En octobre 2012, la passe à poissons en bois du côté du barrage a pris feu. Avant que les flammes puissent être éteintes, la passe à poissons était détruite et le barrage avait subi beaucoup de dommages.
En quoi cet incident est-il devenu une occasion? Le barrage était maintenant devenu un danger et la passe à poissons en amont était complètement bloquée. Vu l’urgence de la situation, laCGRSE a pu obtenir un appui pour faire enlever le barrage plus tôt que prévu. Le gouvernement provincial et la municipalité ainsi que le conseil de bande Essipit et Hydro-Québec (par l’entremise de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique), ont fourni des fonds.
Si tout se passe comme prévu, une chose est certaine. Lorsque le financement pour exécuter la nouvelle stratégie accélérée sera en place, les partisans de la conservation du saumon dans la région des Escoumins seront aussi occupés que les castors!